Sonntag, 1. August 2010

Comment je suis devenu ultra-libéral grâce à IKEA



Le livre de l’été de l'année dernière en Allemagne s’appelle Unter Linken et un bellâtre journaliste au Spiegel y relate comment il s’est libéré de son milieu d’origine bio-socio-luthérien, pour devenir délicieusement conservateur. Si le bellâtre nouvellement libéral a mis des années pour mener à bien cette entreprise, quant à moi, c’était fait en même pas deux heures. Ca s’est fait grâce à BILLY.
Non, BILLY n’est pas un nouvel amant, Billy est une bibliothèque. Notre bibliothèque. Celle dont rachetons un ou deux exemplaires tous les ans afin d’y ranger les Paul Auster, Stendhal, Peter Stamm, A.L. Kennedy et autres Claude Lanzmann et Bernanos acquis au cours de l’année. BILLY est blanc, il coûte 38 €, il est solide et ne fait pas chier son monde. Et BILLY s’achète chez IKEA.
Il fut un temps j’aimais bien IKEA. Ca me rappelait mon enfance, les vacances d’été, la Volvo pleine à ras bords, la petite maison au bord du lac, les pulls grattant légèrement mais tellement authentiques, le petit déjeuner au filmjölk, sorte de fromage blanc avec des myrtilles cueillis la veille, á l’ombre des élans chantonnant Jag trivs bäst i öppna landskap, sorte d’hymne national inofficiel qui se traduit par Je me sens mieux dans des paysages ouverts. A quoi bon se vautrer au soleil si on a la certitude absolue de transformer ses vacances en un acte éminemment politique, telle était la conviction profonde de mes parents.On se contente bien de 18°C et de 3 journées de soleil par an quand on a la conviction de passer ses vacances dans l’aboutissement du luxe, du calme et de la volupté de la petite bourgeoise protestante d’Allemagne du Nord. Là, on peut voter à gauche même en dehors des périodes électorales.
Or samedi soudainement, je compris qu’IKEA représentait l’aboutissement même de l’état social-démocrate. Celui qui infantilise ses citoyens. En arrivant sur le parking, des jeunes de très bonne humeur nous indiquent le parking le plus proche de l’entrée. Le haut-parleur, cette invention dont chaque citoyen de tout pays démocratique au monde doit se méfier proférait des annonces plus débiles les unes que les autres, celle notamment qui me fit très, très peur, en caisse, on a tout intérêt à mettre le code barre devant pour que ça aille plus vite. Et gare à celui qui ne respecte pas la consigne. Il est INEFFICACE ! Et la voix charmante du haut-parleur nous tutoyait. ! « Ah bon, on a déjà couché ensemble ? ». Au restaurant des tableaux explicatifs pourquoi il faut débarrasser soi-même sa table, des panneaux indiquant l’endroit où il faut se munir d’un chariot, des panneaux vantant les avantages écologiques de tel ou tel produit, interrompu par la voix insupportablement SYMPA du haut-parleur.
Au bout du chemin, petit stage aux waters. Là, le comble du puéril, du dégradant : le panneau Merci de ne pas fumer ici. Je compris : C’est ça la gauche bien pensante, c’est ça la Suède et sa social-démocratie à la con qui de toute manière ne fonctionne plus. Sortant des waters, je passai devant un distributeur de cigarettes (les initiés comprendront que la scène se déroule en Allemagne), faut pas croire, en plus ils sont hypocrites ces salauds. J’avais arrête de fumer il y a deux ans, non sans peine. Sortant quatre € de mon portemonnaie

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